
Les faits :
Chute de plus de 28% en une semaine et de 42% depuis fin 2017 de la livre turque contre dollar ; facteur déclenchant : hausses des droits de douane sur les importations américaines en représailles au maintien en détention d’un pasteur américain.
Mon décryptage :
La situation de la Turquie était déjà critique à bien des égards :
- Important déficit de la balance des paiements courants : 7% du PIB
- Dette extérieure de 52% du PIB dont 2/3 libellée en dollar
- Dette à court terme nécessitant 230Mds$ de besoins de financement dans les 12 prochains mois
- Inflation supérieure à 15%
- Situation politique critique : M. Erdogan renforce son emprise en nommant son gendre ministre des finances et en entravant la liberté de la banque centrale
Risque de contagion ?
- Le poids économique de la Turquie est faible : seulement 0,6% des exportations de l’Union Européenne
- Les banques européennes sont les plus exposées notamment à travers leurs filiales locales avec 265Mds$ d’engagements bancaires dont 36% en Espagne (5,6% du PIB), 16% en France (1,3% du PIB) et 8% en Italie (0,9% du PIB).
- Les pays émergents les plus vulnérables sont ceux qui cumulent fort déficit de leur balance des paiements courants et dette extérieure élevée : Turquie, Argentine, Afrique du Sud
Ma recommandation :
Eviter l’Argentine (chute de 36% du peso argentin contre dollar depuis fin 2017), l’Afrique du Sud (chute de 13% du rand contre dollar depuis fin 2017) et la Turquie.
Eviter le secteur bancaire européen et surtout BBVA (14% des prêts à la Turquie) en Espagne. La crise turque n’est qu’un élément de plus dans un environnement difficile pour les banques : instabilité politique italienne, taux réels négatifs, forte concurrence, émergence des fintechs…